La France est connue pour être un pays où l'on se passionne pour le débat et la polémique. Son passé révolutionnaire, l'effervescence intellectuelle, née du siècle des Lumières, qu'elle a su entretenir, participent fortement à ce mythe.
Pourtant cette tradition, cette culture du débat libre et de la polémique est aujourd'hui menacée par le triomphe de la bien-pensance et du politiquement correct.
Aujourd'hui tout le monde se doit d'adhérer à la même idéologie, au même discours dominant, sous peine de marginalisation, voire de diabolisation.
Ainsi nous sommes tous priés de dire que la guerre en Libye fut la guerre du bien contre le mal, que BHL est un défenseur des droits de l'homme, que le mariage homosexuel va permettre à l'humanité de faire un pas de géant, que la dépénalisation des drogues douces est une idée géniale, que l'euthanasie est un acte "humaniste," que le féminisme des "chiennes de garde" est un exemple pour toutes les femmes, que l'Europe est un projet formidable et émancipateur, que défendre le peuple est une attitude populiste, que le modèle capitaliste et libéral est le seul modèle valable, que le FN est un parti néo-nazi, que l'Islam pose problème dans l'espace républicain, etc. Je m'excuse d'avance auprès des bien-pensants pour n'avoir pas établi un ordre de priorités.
A ces "vérités incontestées et incontestables", il est interdit d'apporter la moindre contradiction, un autre son de cloche, une autre opinion tout aussi argumentée, sans passer pour un être déraisonnable et infréquentable.
De fait, on vit dans une société où la pensée doit constamment s'autocensurer et la langue tourner plus de sept fois pour éviter de fourcher, sous peine d'être criminalisé et judiciarisé.
On pouvait raisonnablement penser que le monde de la presse, si attaché à sa liberté d'expression et à son indépendance d'esprit, serait le plus sûr et le plus puissant rempart contre ce totalitarisme d'un nouveau genre. Il n'en est rien. Pire, il participe avec un incroyable zèle à cette police de la pensée (qui se cache derrière les habits de la vertu), contribuant à son tour à scléroser et à cadenasser le débat citoyen.
Oui, le bon vieux temps où on pouvait s'exprimer et s'indigner sur tout est bel et bien révolu. Désormais place aux expressions toutes faites, aux indignations sélectives et aux condamnations d'office (même quand il n'y a pas matière à faire tout un plat). Fini les blagues potaches et marrantes sur Shlomo, Momo, Mamadou, les Ch'tis, la taille de Mimi Mathy, les drag queens, le look de garçon de Caroline Fourest, sur la nullité du PSG, etc.
Tout le monde est sommé de se tenir à carreau, car des "agents Smith" (expression moderne pour désigner les spécialistes de la délation et de l'inquisition) veillent à ce que le troupeau soit bien gardé et que pas une brebis ne sorte du lot.
Et dire qu'un jour quelqu'un a eu l'outrecuidance de s'exclamer: "Voltaire, reviens! Ils sont devenus fous!".
Tout le monde est sommé de se tenir à carreau, car des "agents Smith" (expression moderne pour désigner les spécialistes de la délation et de l'inquisition) veillent à ce que le troupeau soit bien gardé et que pas une brebis ne sorte du lot.
Et dire qu'un jour quelqu'un a eu l'outrecuidance de s'exclamer: "Voltaire, reviens! Ils sont devenus fous!".